Hélène LY

5 conseils pour faire la différence quand on recrute dans la tech

Il ne se passe pas une semaine sans que je reçoive cette question en message privé sur LinkedIn: comment faire pour se différencier quand on est recruteur tech? J’ai beaucoup de recruteurs IT dans mon réseau qui se demandent comment ils peuvent se démarquer de leurs concurrents.

On parle énormément des difficultés que les entreprises rencontrent pour recruter. Et dans l’informatique, et le monde de la tech en général, ce n’est pas nouveau: ça fait plusieurs années qu’on parle de marché en tension, de domaine « pénurique » et de manque de profils disponibles.

Avec l’omniprésence du numérique dans nos vies professionnelles et personnelles, de plus en plus d’entreprises ont besoin de recruter des profils techs, peu importe leur secteur d’activité et leur taille. Alors on voit les besoins se multiplier, tout le monde cherche à recruter des développeurs, chefs de projet techniques, administrateurs système & réseaux, profils DevOps, data scientist etc…Les candidats ont donc l’embarras du choix et les recruteurs doivent redoubler d’efforts pour trouver (et convaincre!) les salariés recherchés par leurs clients/ entreprises.

Voilà 5 conseils que je donnerais pour se différencier quand on recrute dans la tech.

1/ Ne considérez pas les gens comme des candidats

La plupart des recruteurs que je connais ont choisi le recrutement parce qu’ils voulaient « faire de l’Humain ». Ils voulaient rencontrer des gens, échanger avec eux, apprendre à les connaître. Malheureusement, au bout de quelques mois/ années, on finit souvent par ne plus voir l’humain mais uniquement des candidats. On parle sans arrêt de profils et de CV. Un peu comme un médecin qui ne verrait plus les gens mais uniquement les patients 😬

C’est souvent ce qui me surprend dans les messages d’approche ou dans les annonces: les recruteurs qui les rédigent ont tendance à considérer que tout le monde est candidat. Dans la tech (et dans pas mal d’autres domaines en tension), on est passé d’une logique de sélection à une logique de séduction. Un recruteur tech contacte surtout des personnes qui sont déjà en poste et qui sont souvent bien là où elles sont. Vous devrez donc faire plus d’efforts pour convaincre une personne qui est vaguement à l’écoute du marché qu’une personne qui est en recherche active. Quand vous ne parlez que de vous dans un message d’approche, il y a peu de chance que cela donne envie à quelqu’un de vous répondre…

Alors si vous voulez vraiment faire de l’Humain, rappelez-vous que les gens avec qui vous échangez ne sont pas des candidats. Ce sont des gens comme vous et moi. Et votre job est justement de leur donner envie de devenir candidat, en les aidant à s’impliquer dans votre processus de recrutement et à se projeter dans l’entreprise.

2/ Ne restez pas enfermés sur LinkedIn

Je le répète encore et encore mais LinkedIn n’est pas un jobboard (j’ai remarqué que je m’autocite souvent, c’est grave docteur?). C’est très lié au point précédent et LinkedIn reste l’outil n°1 de beaucoup de recruteurs IT. Le problème c’est que les profils techs quittent LinkedIn et finissent par détester ce réseau.

Tous vos concurrents sont sur LinkedIn et les personnes que vous recherchez reçoivent des dizaines de messages qui se ressemblent et dont certains sont complétement à côté de la plaque. Je sais que certains pensent que  » oh ça va, ça doit quand même pas être si chiant que ça d’être très sollicités par les recruteurs » 🙄 Mais en fait si, c’est chiant, c’est exactement comme recevoir des spams. C’est dommage parce que même si vous faites des efforts pour écrire un message sympa, il risque de ne pas être lu…

LinkedIn est un outil puissant, mais cela doit rester un outil parmi d’autres. Si LinkedIn plante demain ou disparaît, vous faites quoi? Ne mettez pas tous vos oeufs dans le même panier, allez voir ailleurs!

👉 Apprenez à sourcer sur GitHub, Stack Overflow, Twitter, Medium, Meet-up etc…

👉 Apprenez à trouver des infos utiles et mêmes des CV sur Google

👉 Exploitez les outils mal-aimés par les autres (coucou la CVthèque de Pôle Emploi 🙋‍♀️ et coucou votre ATS)

👉 Ecrivez des annonces de qualité et qui s’adressent aux personnes que vous cherchez (ça prend du temps d’écrire une bonne annonce mais ça vaut la peine)

👉 Organisez des évènements pour ceux que vous recrutez et qui les intéressent vraiment (et pas uniquement des jobdating): webinaire tech, meet-up, hackathon etc…

👉 Créez des partenariats avec des écoles, des organismes de formation (les juniors d’aujourd’hui sont vos expérimentés de demain…)

👉 Construisez une vraie politique de cooptation (et je ne parle pas que de la prime 💰)

En bref: testez des choses et ne passez pas vos journées à errer sur LinkedIn comme une âme en peine. C’est le meilleur moyen d’être dégoûté du métier!

📢 Si vous voulez monter en compétences sur un ou plusieurs de ces sujets, contactez-moi, ça fait partie de mes formations 😉 (c’était l’instant promo, c’est cadeau)

3/ Parlez mission, salaire, technos (du concret!)

Mettez-vous (vraiment) à la place des gens que vous contactez. En général quand on cherche un job, on a envie de savoir ce qu’on va faire au quotidien, avec quels outils/ moyens et pour quel salaire.

📢 SCOOP: dans la tech c’est pareil! C’est dingue quand même!

Donnez le plus possible d’informations concrètes sur votre recherche: ça fait gagner du temps à tout le monde. Et ça montre que vous comprenez les attentes de la personne en face de vous. Ou au moins que vous essayez de comprendre.

En fait, la plus part des « profils techs » se fichent de savoir que vous avez un babyfoot, que vous êtes « Great place to work » ou que « votre client est leader sur le marché ». Ils veulent savoir ce qu’ils vont faire et à quoi ça va servir concrètement. Et aussi:

  • les outils/ la stack technique
  • des informations sur l’équipe: taille, composition, ambiance
  • des informations sur la méthode de travail: agilité (quelle méthode), devOps, TDD etc…
  • le salaire: ce qu’ils vont toucher à la fin du mois. Et arrêtez de présenter la mutuelle, le remboursement des transports et les tickets restos comme des avantages 😱 (sauf si vous faites beaucoup plus/ mieux que le minimum légal)
  • le lieu de travail et la possibilité de faire du télétravail

Bref, donnez le plus de concret possible et arrêtez avec le blabla de 15 kilomètres sur votre entreprise (surtout dans un message d’approche…)

4/ Créez des liens durables

Je suis toujours surprise quand des recruteurs me disent qu’ils ne regardent pas leur ATS ou qu’ils ne prennent pas de nouvelles des personnes qu’ils ont rencontrées en entretien. Pour moi, le réseau quand on recrute dans la tech est extrêmement précieux. Je ne suis plus recruteuse et pourtant, j’échange encore régulièrement avec des candidats que j’ai connu quand j’étais en poste entre 2013 et 2020.

Créer du lien c’est prendre des nouvelles des gens, leur écrire régulièrement (pas toutes les semaines hein sinon ça devient chelou et ça vire au harcèlement), les aider quand on le peut. Si vous ne faites que du « one shot », ne vous étonnez pas que les gens ne garde pas de souvenir de vous.

On peut écrire à une personne pour la féliciter pour un nouveau poste, l’obtention d’un diplôme ou d’une certification ou pour fêter un anniversaire professionnel. Si on aime ça (ce n’est pas mon cas), on peut aussi profiter des voeux de début d’année pour reprendre contact avec un candidat.

Gardez contact avec les gens qui ont refusé une proposition d’embauche chez vous. Dans la tech, les choses peuvent bouger très vite: un rachat/ une fusion, un projet qui ne se passe pas comme prévu, une période d’essai qui montre que la réalité ne correspond pas à ce qui avait été dit…Restez fair-play et soyez là. Vous n’imaginez pas le nombre de candidats qui m’ont dit qu’ils n’auraient pas osé m’écrire après être parti chez un concurrent chez qui ça se passait mal.

Et dans la même logique, n’hésitez pas à regarder régulièrement sur les jobboards les CV publiés il y a 3 ou 6 mois. Peut-être que vous avez « raté » certaines personnes. Et il arrive aussi que des gens suspendent leurs recherches pendant quelques mois pour X raisons et qu’ils n’aient pas eu le temps ou l’envie de réactiver leur CV. C’est un bon moyen d’avoir de l’avance et d’être là au bon moment.

5/ Soyez curieux pour être crédible!

Ce que les profils techs reprochent le plus aux recruteurs c’est de ne rien comprendre à leur job. C’est ce qui les conduit à penser (et à dire) que les recruteurs ne servent à rien et qu’il vaut mieux être recruté directement par les managers et les opérationnels.

Un recruteur tech n’est pas censé être un tech lui-même. On ne demande pas aux recruteurs qui recrutent des comptables d’être des experts en comptabilité. Si vous êtes recruteur en ESN, en cabinet et même en interne, a priori il y a d’autres personnes qui vont intervenir dans le processus de recrutement pour valider les compétences techniques des candidats.

Mais il y a une grande différence entre être expert et ne rien comprendre du tout. Honnêtement, je suis parfois un peu perplexe quand je discute avec des recruteurs IT qui ne savent pas ce que font vraiment les gens qu’ils recrutent. Je ne vois pas comment on peut comprendre un besoin, faire un sourcing pertinent, échanger avec des professionnels quand on n’a aucune connaissance du domaine. Et ce n’est pas uniquement une question de vocabulaire…

Prenez le temps de vous (in)informer: lisez des articles, écoutez des podcasts, parlez avec les gens! Ne restez pas dans votre coin en vous disant que c’est trop compliqué ou que ce n’est pas votre boulot. J’avais fait une sélection de ressources pour recruteurs techs ICI.

Posez des questions et n’ayez pas peur de dire « je ne sais pas » ou « je ne comprends pas ». Il n’y a aucune honte à ne pas comprendre un nouveau domaine.

Et si votre employeur ne vous propose rien, soyez force de proposition! La formation professionnelle est un droit individuel. Parfois on a besoin d’être guidé, accompagné, rassuré pour monter en compétences et donner le meilleur de soi. N’ayez pas peur de demander à être formé (pendant votre entretien professionnel par exemple)

🎁 Conseil bonus: si vous ne travaillez pas en ESN profitez-en 😁

Bon c’est une blague mais pas tout à fait.

J’aurai l’occasion d’en reparler dans un autre article, mais on voit de plus en plus souvent des personnes écrire « PAS INTERESSE PAR LES ESN » sur leur profil LinkedIn ou sur leur CV. Alors si vous recrutez pour un client final (que vous soyez en cabinet, indépendant ou recruteur interne), c’est clairement un atout à valoriser.

N’hésitez pas à l’indiquer dans vos messages d’approche pour que l’info soit visible tout de suite!

Conclusion

Un recruteur tech est un recruteur comme les autres. Simplement vous êtes sur un domaine où les candidats ont le choix. Alors si vous vous contentez de publier des (mauvaises) annonces et d’attendre, vous n’avez aucune chance de vous démarquer.

Soyez curieux, intéressez-vous sincèrement aux personnes en face de vous, faites des efforts pour comprendre les besoins et ce sera très bien! Vous le faites déjà? En êtes-vous vraiment sûr?

Cet article vous a plu ? Partagez le à quelqu'un
Facebook
Twitter
LinkedIn
Email
Ces articles pourraient aussi vous intéresser

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Débutant dans le monde du recrutement IT ?

Vous aussi vous pensez que l’univers de l’IT est réservé à une élite ou aux « geeks »  ?

Peut-être même avez-vous passé des heures à déchiffrer les acronymes et définitions sans rien y comprendre.

Avant de vous lancer dans une formation par manque de temps ou de budget, prenez le temps de vous former en toute sérénité ! 

Découvrez le lexique pour les recruteurs techs, avec des définitions simples, en français, relues et validées par des professionnels.

Il vous permettra de gagner du temps et d’avoir de bonnes bases pour échanger plus facilement avec les candidats.