Hélène LY

Quand j’étais recruteuse et que je parlais de sourcing avec des « non-recruteurs », la plupart de mes interlocuteurs n’avaient pas la moindre idée de ce dont je parlais. Pour la majorité des gens, un recruteur diffuse des annonces et trie des CV (et maltraite les candidats 🤐)

Depuis que je suis formatrice, je me rends compte que même pour les recruteurs, le sourcing reste un sujet un peu « nébuleux ». D’ailleurs, je demande souvent en formation « quelle est votre définition du sourcing? » et les réponses sont souvent aussi intéressantes que surprenantes.

Depuis quelques temps, j’ai l’impression que le sourcing est devenu un mot magique: il représente pour beaucoup la solution miracle à tous leurs problèmes de recrutement. Tout le monde veut apprendre à mieux sourcer, on dirait un peu la quête du Graal 🏆

Dans cet article, je ne vais pas vous donner de conseils « techniques » pour réaliser votre sourcing. Il s’agit plutôt de vous aider à adopter la posture et les bons réflexes pour que votre sourcing se passe le mieux possible!

J’en profite pour remercier Pierre-André Fortin pour son dernier article sur le sourcing (je vous invite à le lire!). Il m’a donné la motivation suffisante pour terminer cet article commencé il y a plusieurs semaines déjà 🙏

1/ Exploitez au maximum vos outils actuels

Très souvent, quand je parle de sourcing avec des recruteurs, ils me parlent de leurs outils actuels et m’expliquent que ce n’est pas suffisant. Et j’ai presque toujours la même question qui revient « quels sont les meilleurs sites/ jobboards sur lesquels sourcer? »

Comme j’interviens surtout dans le recrutement IT, je sais que l’idée sous-jacente est « stp, dis-moi où sont cachés les devs et les profils techs que je cherche »

📢 Spoiler alerte: le site miracle n’existe pas! Il n’y a pas de jobboard magique ou de site où sont gentiment rassemblées toutes les personnes que vous cherchez, qui seraient dispos et invisibles pour tous les recruteurs sauf vous.

C’est pareil avec LinkedIn. Je vois des recruteurs et recruteuses (et leur direction!) dépités parce qu’ils ont pris un compte premium ou une licence hors de prix mais qui ne leur amènent pas les résultats escomptés. Et la plupart du temps, personne dans l’entreprise n’a analysé si la licence Recruiter était vraiment le meilleur investissement à faire. Et au final très peu de gens prennent vraiment le temps de se former et de comprendre comment l’outil fonctionne.

👉 Vous pouvez avoir tous les outils du monde, prendre des abonnements à des jobboards, des licences LinkedIn qui coûtent un bras etc…ça ne vous servira à rien si:

  • vous ne savez pas ce que vous cherchez
  • vous ne savez pas vous en servir (et utilisez 1/10ème des fonctionnalités existantes)
  • vous ne soignez pas vos approches
  • votre entreprise a mauvaise réputation

Alors avant de courir après tous les outils de la Terre, assurez-vous d’utiliser vos outils existants de manière optimale. L’expérience me montre que c’est finalement rarement le cas 😉

2/ Prenez le temps et expliquez ce que vous faites

Il y a une contrainte qui est inhérente au sourcing: cela demande du temps et de la concentration.

Mais quand on est recruteur, prendre le temps c’est contre-intuitif. Surtout quand vous avez la pression et que tout le monde vous dit que « c’est super urgent ».

Je ne compte pas les fois où des recruteurs m’ont dit « j’aimerais faire plus de sourcing mais j’ai pas le temps » ou « je fais un peu de sourcing entre 2 entretiens mais du coup, c’est pas efficace ». Je connais aussi plusieurs personnes qui font leur sourcing le soir et/ou le weekend parce qu’elles n’arrivent à le faire sur leur temps de travail 🤔

Le problème, c’est que pour beaucoup de « non-recruteurs », le sourcing est une tâche invisible et facile. Comme je le disais en introduction, la plupart des gens ne savent pas en quoi ça consiste.

J’ai longtemps travaillé en ESN, et dans l’informatique, le sourcing est souvent indispensable. Pour un de mes anciens managers, sourcer c’était juste chercher des CV sur le site de l’APEC et envoyer des messages sur LinkedIn. Donc forcément, quand il me voyait sourcer pendant une matinée entière, il avait l’impression que je ne faisais rien. En tout cas, il ne comprenait pas pourquoi ça me prenait autant de temps. Et c’est normal parce que personne n’avait jamais vraiment pris le temps de lui expliquer.

Alors j’ai fait 2 choses:

👉 j’ai organisé un atelier avec plusieurs personnes (commerciaux, managers etc…) pour leur expliquer précisément en quoi consistait le sourcing et leur montrer que ce n’était pas juste une histoire de mots-clés et de messages copiés/collés. A la fin, un de mes collègues m’a appelée « inspecteur Gadget » 😂

👉 j’ai planifié des sessions de 2 heures (parfois 3) où je faisais du sourcing et rien d’autre. Mon agenda était partagé avec l’équipe et tout le monde savait ce que je faisais et qu’il fallait éviter de me solliciter pendant ces périodes. J’étais en open-space mais je me suis plusieurs fois isolée pour pouvoir me concentrer.

Et il y a une chose que je n’avais pas prévue: mes collègues se sont mis à faire un peu de sourcing et ont pu gérer certains de leurs postes seuls!

Je ne dis pas que c’est facile à faire. Par contre, je vois trop de recruteurs qui subissent la situation et ne prennent jamais le temps d’expliquer vraiment ce qu’ils font.

Accordez-vous du temps et montrer que le sourcing est une affaire sérieuse. Et battez-vous pour faire respecter et reconnaître votre travail.

3/ Arrêtez d’être obsédé par l’automatisation

Quand on parle sourcing, en général le sujet de l’automatisation arrive rapidement. Mais j’ai vraiment l’impression qu’il y a un gros malentendu sur le sujet.

Il me semble que beaucoup trop de recruteurs pensent que l’automatisation c’est la possibilité de tout faire faire à une machine. Alors, c’est pas complètement faux mais l’automatisation n’est pas une fin en soi. Ce n’est pas un truc magique qui va vous éviter de réfléchir et faire un sourcing parfait à votre place!

Et en formation, je rencontre souvent des équipes qui ont plein d’outils (gratuits ou non) mais qui ne savent pas quoi en faire. Ou qui s’en servent mal (pour X raisons)

Avant de vouloir automatiser une tâche vous devez déjà comprendre ce qu’elle recouvre, en quoi elle consiste. Et ensuite, définir ce que vous voulez que l’outil fasse pour vous. Et là encore, rien de magique, c’est vous qui aller expliquer à l’outil ce qu’il doit exécuter, chercher, trouver.

Et pour moi, l’automatisation ne vous donnera pas de résultat tant que:

👉 le besoin est mal défini et/ ou mal compris

👉 la « cible » est mal identifiée

👉 vous ne savez pas quoi dire dans vos messages

Donc si vous voulez automatiser, réfléchissez d’abord à votre process et à ce que vous voulez « déléguer » et ensuite vous pourrez trouver les outils. Il existe beaucoup de solutions que les recruteurs peuvent utiliser, souvent piqué du côté des commerciaux, par exemple pour la prospection, mais les collectionner ne vous servira à rien (attention au syndrome de l’objet brillant 💎) Et en général, les outils les plus simples sont les meilleurs.

4/ Voyez le sourcing comme un jeu

Je connais beaucoup de recruteurs qui détestent faire du sourcing. Il a la réputation d’être chronophage, chiant et de ne même pas garantir de trouver des candidats pour un poste précis…Et dans certains secteurs, le sourcing n’est pas forcément nécessaire puisqu’on reçoit suffisamment de candidatures (via annonces ou spontanées) pour ne pas être obligé de faire de l’approche directe. Le sourcing est donc souvent vu comme un « mal nécessaire », quand on n’a plus d’autres choix.

En formation, j’essaie de transmettre une chose: prenez le sourcing comme un jeu!

Cela ne veut pas dire que ce n’est pas un sujet sérieux, mais je pense sincèrement qu’il y a un côté ludique dans le sourcing qui n’est pas assez mis en avant. Et il me semble que cela vient surtout du fait que finalement, peu de recruteurs sont formés au sourcing.

En gros on les laisse se débrouiller avec 3 mots-clés et aller toujours au même endroit, en leur disant que c’est facile 🙄. Et c’est une tâche souvent confiée à des débutants qui ne sont pas formés et qui sont très rapidement dégoûtés. On m’a longtemps dit que les « vrais recruteurs » ne faisaient plus de sourcing…

Pour moi, sourcer, c’est comme participer à une chasse au trésor. Il y a des parcours à suivre, des infos à rassembler, des indices à collecter…etc. C’est un vrai jeu de piste! Et comme dans un jeu, il faut connaître les règles, se faire des alliés, établir une stratégie et des plans de secours pour gagner la partie. Parfois, la piste est plutôt simple à suivre et parfois ça devient Kho Lanta 😅

On peut aussi voir le sourcing comme un puzzle géant: au départ, toutes les pièces sont mélangées et on a l’impression qu’il en manque. Et parfois, quand le besoin a été mal défini, on ne sait même pas vraiment à quoi doit ressembler le résultat final. Et puis on avance morceau par morceau et d’un coup, tout devient limpide et toutes les pièces s’imbriquent facilement les unes dans les autres (oui, j’aime les puzzles 😋)

J’ai remarqué qu’en formation, les personnes que j’accompagne s’amusent en faisant du sourcing. Bien souvent parce qu’on prend le temps pour ça, qu’elles découvrent de nouvelles choses et qu’elles travaillent ensemble. Et d’ailleurs elles me disent souvent en fin de module « j’ai trop hâte de tester ce qu’on vient d’apprendre ».

Alors la prochaine fois que vous démarrez une session de sourcing, essayez de la voir un peu plus comme un jeu et un peu moins comme une contrainte. Je ne dis pas que ce sera facile, ni que vous gagnerez à tous les coups. Mais choisir l’angle sous lequel on aborde une situation influence énormément la manière dont on va agir et vivre les choses. Pensez-y!

5/ Echangez avec les autres et ne restez pas seuls

Dernier conseil que je donne à tous les recruteurs que j’accompagne: ne vous isolez pas!

Au contraire, prenez le temps de discuter avec les autres pour apprendre, comprendre et tester de nouvelles choses.

Vous pouvez évidemment faire du sourcing à plusieurs, dans votre entreprise (encore faut-il que vous soyez plusieurs) mais n’hésitez pas aussi à aller à la rencontre de celles et ceux qui recrutent ailleurs.

Dès que vous avez un peu de temps, lisez, écoutez des podcasts, allez voir des tutos.

Si vous ne savez pas où aller, j’ai une bonne nouvelle pour vous 🙂

👉 Depuis la semaine dernière, il existe un nouvel espace de discussion: un Discord créé par l’équipe de Sourceurs? Non peut-être!

Il y a déjà plein de recruteurs et recruteuses inscrits, prêts à échanger, à répondre à vos questions, à faire du sourcing avec vous.

Si ça vous tente, voilà le lien pour rejoindre ce monde merveilleux: https://discord.gg/3ENSzgeVMM

L’occasion de vous rendre compte que vous n’êtes pas seuls!

Conclusion

Je le disais en début d’article, je n’ai pas voulu ici partagé des conseils « techniques ». Mon objectif était surtout de rappeler que le sourcing peut être beaucoup moins chiant qu’il en a l’air! Et je pense aussi que ce n’est pas dramatique de ne pas aimer faire du sourcing : mais dans ces cas-là, il vaut mieux travailler dans une entreprise/ un secteur où vous n’aurez pas besoin de sourcer beaucoup 😉

Et rappelez-vous, pour sourcer efficacement, votre meilleur outil c’est votre cerveau 🧠!

Cet article vous a plu ? Partagez le à quelqu'un
Facebook
Twitter
LinkedIn
Email
Ces articles pourraient aussi vous intéresser

4 réponses

  1. Bravo Madame Ly.

    Très bel article, il permet de mieux appréhender le métier de recruteur.

    En espérant que certaines méthodes archaïques, comme les tests qui n’ont rien à voir avec le poste recherché soient bannis.

    Bravo pour ce que vous faîtes.
    Alain Nono.

    1. Merci beaucoup Alain!
      Je pense que c’est essentiel de parler de son métier, de l’expliquer aux autres.
      Le recrutement évolue, pas partout et peut-être pas assez vite mais ça bouge.
      Merci d’avoir commenté et à bientôt

  2. Bonjour Madame Ly,

    Merci pour cet article très intéressant !
    Malheureusement le lien Discord
    dont vous faites référence à la fin de votre article ne fonctionne plus.

    Bravo pour votre travail !

    Naïma

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Débutant dans le monde du recrutement IT ?

Vous aussi vous pensez que l’univers de l’IT est réservé à une élite ou aux « geeks »  ?

Peut-être même avez-vous passé des heures à déchiffrer les acronymes et définitions sans rien y comprendre.

Avant de vous lancer dans une formation par manque de temps ou de budget, prenez le temps de vous former en toute sérénité ! 

Découvrez le lexique pour les recruteurs techs, avec des définitions simples, en français, relues et validées par des professionnels.

Il vous permettra de gagner du temps et d’avoir de bonnes bases pour échanger plus facilement avec les candidats.