Hélène LY

8 femmes qui ont marqué l’histoire de l’informatique

Demain, nous sommes le 8 mars et c’est la journée internationale des droits des femmes (et pas « journée de la femme », je n’ai pas besoin d’un rouge à lèvre ou d’une promo sur un aspirateur 🙄)

Pour l’occasion, j’ai voulu mettre à l’honneur des femmes d’exception qui ont marqué un domaine réputé masculin: l’informatique. Pourtant, jusqu’à la fin des années 70, les femmes étaient très présentes dans la tech, et sacrément talentueuses!

J’ai donc choisi 8 femmes comme symbole de cette journée. Si tout le monde parle de Bill Gates, Steve Jobs ou Elon Musk, on entend trop peu parler du rôle que les femmes ont eu dans la tech. Alors que certaines sont à l’origine de techniques et d’innovations qui ont révolutionné le monde.

NB: si certains termes vous sont étrangers, n’hésitez pas à jeter un oeil à cet article ou à vous procurer mon lexique dédié aux recruteurs IT.

1/ Ada LOVELACE

Ada est née en 1815 et elle est la fille du poète Lord Byron. Beaucoup la considèrent comme étant la première codeuse de l’histoire. Le 1er développeur était donc une femme! Passionnée de mathématiques, elle a également écrit un traité sur le fonctionnement des ailes des oiseaux à l’âge de 12 ans 😱)

En 1832, elle rencontre Charles Babbage qui a inventé une calculatrice mécanique (la machine analytique) considérée comme l’un des premiers ancêtres de l’ordinateur. Ada travaille sur des séries de calculs et d’instructions que la machine doit exécuter. Et pour cela elle utilise des algorithmes complexes.

En résumé elle a travaillé sur ce qu’on appelle aujourd’hui un programme informatique.

En 1979, une équipe de développement américaine a conçu un langage informatique qu’elle a baptisé Ada en son honneur. Une école porte également son nom: l’Ada tech School

2/ Hedy LAMARR

Hedy Lamarr est une actrice autrichienne qui a connu un énorme succès à Hollywood. Mais elle avait également un intérêt très fort pour les sciences et les technologies.

En 1942, elle invente avec le pianiste Georges Antheil un système de communication qui permet de brouiller les informations contenues dans les torpilles radioguidées de la Navy. Ils ont construit un code très difficile à déchiffrer, basé sur différentes fréquences radio (on parle de « saut de fréquence »). En gros ce système empêchait les nazis d’intercepter les messages.

Ce principe de transmission est encore utilisé aujourd’hui dans de nombreuses technologies modernes. Par exemple, les transmissions GPS ou les communications sans fil comme le blue-tooth et le wi-fi sont basées sur ce système.

3/ Joan CLARKE

Née en 1917, Joan est une scientifique britannique, considérée comme une des meilleures cryptanalyste de son époque. Elle a travaillé sur le décryptage de la machine Enigma pendant la Seconde guerre mondiale. Le troisième Reich utilisait cette machine pour crypter ses communications chiffrées.

Joan Clarke a fait partie de l’équipe d’Alan Turing connu pour avoir créé l’ordinateur « The Bomb ». Cette machine a permis de déchiffrer le fonctionnement d’Enigma. Grâce à ce travail, l’équipe a pu anticiper les attaques allemandes et sauver des milliers de vie.

Joan Clarke a reçu plusieurs récompenses pour son travail. En 2014, le film The Imitation Game raconte le décryptage d’Enigma et une partie de l’histoire du duo Turing-Clarke.

4/ Grace HOPPER

Née en 1906, elle est surnommée « la reine du logiciel » ou « Amazing Grace ». Elle a été officier de la marine américaine pendant la Seconde guerre mondiale. Elle a ensuite rejoint l’université Harvard où elle a travaillé sur le premier ordinateur entièrement automatique, le Mark I. Grace a également longtemps travaillé chez IBM où elle contribuera à des innovations majeures dans l’informatique. Notamment au développement du premier ordinateur commercial (« accessible » au public).

En 1951, Grace Hopper a créé avec son équipe le premier compilateur informatique. C’est un programme qui permet d’écrire le code en anglais avant d’être traduit par la machine pour être exécuté. Il a donc permis de simplifier la programmation. Ce programme donnera naissance au langage COBOL en 1959. Il a longtemps été le langage de prédilection des grandes banques internationales et est toujours utilisé aujourd’hui.

Petite anecdote à propos de Grace Hopper: c’est elle qui aurait utilisé pour la première l’expression « bug informatique« . Un papillon de nuit s’était introduit dans le Mark I et avait fait griller les circuits. Le terme bug fait donc référence à un véritable insecte 😉

L’origine de l’expression « bug informatique »

5/ Mary JACKSON

Mathématicienne de formation et diplômée en sciences physiques, elle est la première ingénieure afro-américaine de la NASA. Elle a obtenu son diplôme d’ingénieur en 1958, en plein période de ségrégation aux Etats-Unis (les lycées étaient alors réservés aux élèves blancs…)

Lorsqu’elle rejoint la NASA en 1951, il n’y avait pas d’ordinateur suffisamment précis pour calculer les trajectoires des vols spatiaux. Mary Jackson et son équipe avaient pour mission de réaliser ses calculs elles-mêmes.

Elle a énormément contribué à la recherche dans le domaine de l’aérodynamique. Mais elle a également joué un rôle déterminant pour ouvrir les portes de la NASA aux femmes. Son histoire et celle de son équipe de « super calculatrices » est retracée dans le film « Les figures de l’ombre« 

L’histoire de femmes qui ont marqué l’histoire de l’informatique à la NASA

6/ Margaret HAMILTON

C’est en grande partie grâce à elle que l’Homme a pu marcher sur la Lune! A 24 ans, en 1960, Margaret Hamilton est recrutée par la NASA. Elle devient Directrice du département qui conçoit les logiciels du programme Apollo. Avec son équipe, elle a développé plusieurs systèmes de guidage et de contrôle des modules lunaires. Elle a notamment travaillé sur des programmes de détection d’erreur et insisté sur l’importance des tests dans la programmation.

L’un de ses programmes a permis à Apollo de réussir son alunissage en évitant un grave accident.

Elle a énormément contribué à l’évolution du développement de logiciel et a été décorée par la NASA en 2003.

7/ Elisabeth FEINLER

Elle est née en 1931 et elle a d’abord été chimiste et biochimiste jusqu’ à la fin des années 50. En 1960 elle rejoint l’Institut de Recherche de Stanford. Elle travaille pendant 10 ans sur des systèmes de classement de ressources (d’énormes bases de données)

A partir de 1972, elle travaille pour le ministère de la Défense américain et devient responsable du service qui crée et gère le réseau ARPANET. C’est tout simplement l’ancêtre d’Internet! Elle a participé à la création des premiers serveurs et surtout du protocole DNS (Domain Name System) utilisé pour attribuer les domaines .com, .org ou.gov toujours utilisés aujourd’hui.

Elle est entrée au Internet Hall of Fame en 2012.

8/ Muriel TRAMIS

Née en 1958 en Martinique, elle décroche un diplôme d’ingénieur informatique en 1981. Je voulais absolument qu’elle soit dans cet article parce qu’elle fait partie des rares conceptrices françaises de jeux vidéos.

Elle a créé des jeux d’aventures et des jeux éducatifs qui ont connu un vrai succès auprès du public. C’est elle qui a développé le jeu Adibou, longtemps utilisés dans les écoles pour apprendre à lire et à compter. Et c’est également elle qui a créé la trilogie Goblins pour le studio Coktel Vision.

En 2018, elle est la première femme du domaine du jeu vidéo à devenir Chevalier de la Légion d’Honneur.

Conclusion

Aujourd’hui, la tech est un univers très masculin. Mais jusqu’à la fin des années 70, les femmes représentaient quasiment 50% des effectifs « techs » en entreprises.

Ces 8 femmes ont façonné l’informatique que nous utilisons aujourd’hui. Mais elles ne représentent qu’une petite partie des femmes qui ont révolutionné le monde de la tech. J’aurais également pu parler de Jean Sammet, Karen Spark Jones, Jean Bartik, Mary Allen Wilkes, Katherine Johnson, Radia Perlman, Carol Shaw…

Quelques références à lire pour mieux comprendre la situation des femmes dans l’informatique

Pour rédiger cet article, j’ai lu plusieurs ressources sur les sites suivants: sur les joies du code, Futura Sciences, Techno Sciences, Presse-citron, le journal du net, Wikipédia…

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2 Responses

  1. Merci Hélène LY pour cet article très intéressant et édifiant.
    Je connaissais deux de ces femmes car j’ai vu les films réalisés leur rendant hommage (The Imitation Game pour Joan CLARKE et Les figures de l’ombre pour Mary JACKSON).
    Avez-vous une explication pour la presque disparition de ces figures féminines au sein de la TECH ?
    Très belle journée internationale des droits de la femme. Au plaisir de vous lire. Nadine LE GOUEZ

    1. Bonjour Nadine,
      Merci pour votre commentaire.
      Les explications sont nombreuses:
      – jusqu’à la fin des années 70, les hommes ne s’intéressaient pas spécialement à l’informatique. C’est un domaine qui n’était pas vraiment valorisé et qui demandait des qualités jugées plutôt « féminines » (patiente, précision, sens du détail etc…)
      – à partir des années 80, l’informatique s’invite de plus en plus dans les entreprises et commence à toucher le grand public. Les formations pour devenir ingénieur en informatique explosent et les hommes y sont de plus en plus représentés
      – petit à petit, on accepte l’idée que l’informatique est plutôt un métier masculin (à l’inverse des métiers du social ou du soin qu’on associe aux femmes). Et d’ailleurs les femmes elles-mêmes intègrent l’idée que l’informatique est un univers d’hommes
      – les grandes figures qu’on met en avant comme « modèle de réussite » sont souvent des hommes (Steve Jobs, Bill Gates), les femmes ne se reconnaissent pas forcément

      N’hésitez pas à regarder les ressources que j’ai partagées à la fin de l’article, vous trouverez pas mal d’explication sur le sujet!

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